Née
le 25 juin 1904 à Bucarest, Madeleine
Cancicov apprend le français comme beaucoup
de roumains. Elle passe son enfance en Suisse
près de Lausanne, pour venir à Paris
après son baccalauréat pour y
apprendre le droit. Elle s'installe
définitivement à Bucarest en 1928,
s'y marie en 1931 et se sépare de son mari
quelques années plus tard.
Madeleine
Cancicov est arrêtée en 1949 en pleine
rue par la Securitate et condamnée à
20 ans de prison pour avoir transmis à un
pays étranger des renseignements concernant
l'Etat de Roumanie. En 1960, elle apprend en prison
la disparition de sa mère et en est
très affectée. Elle décide
alors d'écrire un livre en français
dans sa tête "sans papier ni crayon" en se le
récitant chaque jour avant d' y ajouter un
nouveau morceau.
Elle sort de
prison au bout de 15 années grâce
à une rançon versée par des
amis et part à Londres en 1964 avec son
frère René libéré lui
aussi. C'est pendant cette période qu'elle
couche sur le papier son livre imaginé en
prison "Le cachot des marionnettes". Elle vivra
à Londres jusqu'à la fin de sa vie le
6 juin 1985.
Le mal ,
c'est peut-être le manque de courage de faire
le bien. Le bien, vois-tu, est une montée
abrupte, le mal une pente qui descend.
Depuis que
le diable existe les hommes s'en sont toujours
moqué et ils ont toujours eu le dessus
Les juges
sont prodigues, il ne s'agit pas de leur
vie.
Ce qu'il y a
d'admirable, de tragique et de dangereux dans la
bonne foi, c'est qu'elle est incapable de
soupçonner la mauvaise foi.
Et la
solitude. Sais-tu ce que c'est de perdre la
solitude?
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J'avais
repéré pour le Répertoire
des Madeleines le nom de Madeleine
Cancicov dans une bibliothèque en ligne et
je m'étais contenté à
l'époque d'inscrire son nom sur le site en
repoussant à plus tard le
développement d'une page web sur elle. C'est
un jeune londonien, peut-être d'origine
roumaine, Contantin Roman qui par un mail
interrogatif m'a incité à entamer des
recherches sur Madeleine Cancicov. La requête
a été peu fructueuse jusqu'à
ce que je puisse feuilleter son ouvrage
"Le cachot des
marionnettes", dont sont
tirées une bonne partie des informations que
je vous livre. Si vous pouvez compléter ce
document par une citation oubliée, un autre
titre d'ouvrage, un détail de sa biographie
ou un illustration, dessin ou photo, merci à
l'avance pour votre contribution, Madeleine
Cancicov avait une personnalité attachante
qui mérite d'être mieux connue
aujourd'hui.
- Le cachot des marionnettes,
récit
, Critérion (1990)
Arrêtée dans la rue
à Bucarest en 1949, par la
Sécuritate, Madeleine CANCICOV fut
condamnée à 20 ans de prison.
Composées de tête, « ces pages
aimeraient répondre à une question:
Que peut-on faire lorsqu'on ne peut plus rien faire
? » Certaines sont autobiographiques, d'autres
évoquent ses rencontres, ses souvenirs
littéraires. « Ce n'est pas un livre,
c'est un journal au jour le jour: un jour je
rêvais, le lendemain j'étais brutale,
un jour je flottais dans quelque séraphique
fantaisie, le lendemain je m'écrasais le nez
contre les murs ».
Un homme
joue un rôle important: il représente
tantôt son frère René,
tantôt son ex-mari, tantôt tel ami
cher. Nous assistons ainsi à la
métamorphose des personnages qui sont faits
d'êtres réels ou imaginaires qu'elle
assimile à des «marionnettes ». Ce
sont ces marionnettes qui lui tinrent compagnie et
dont elle se sépara, à la fin, en les
fixant dans ces pages: « Chères
marionnettes, nous allons nous séparer (...
). Je vous transmis mes poisons. Vous n'en
mourûtes point et moi, j'ai pu vivre ».
« Je me disais souvent: A quoi bon ? Jamais je
ne retiendrai tout et surtout jamais je n'aurai
l'occasion de le mettre par écrit. J'ai
persévéré cependant afin que
ces années de ma vie ne soient pas
complètement inutiles, comme nulles et non
avenues ».
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