Madeleine Delbrêl

L’Evangile au coin de la rue (3ème partie)


Textes de Madeleine DELBREL

- Comme un fête sans fin

- Nous autres, gens des rues

- Le silence

- Passages de "Nous autres, gens de la rue"

- Citations

- Ouvrages écrits par Madeleine Delbrêl

- Bibliographie

- Jean Debruynne raconte...

- Conférence de Mgr Claude Dagens


 

Comme une fête sans fin

 

Seigneur, viens nous inviter.

Fais-nous vivre notre vie,

Non comme un jeu d'échecs

Où tout est calculé,

Non comme un match

Où tout est difficile,

Non comme un théorème

Qui nous casse la tête,

Mais comme une fête sans fin,

Où ta rencontre nous renouvelle,

Comme un bal,

Comme une danse

Entre les bras de ta grâce,

Dans la musique universelle de l'amour.


Nous autres, gens des rues

 

Il y a des gens que Dieu prend et met à part.

 Il y en a d'autres qu'il laisse dans la masse, qu'il ne retire pas du monde.

Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires.

Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires.

Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires.

Ce sont des gens de la vie ordinaire.

Les gens que l'on rencontre dans n'importe quelle rue.

 Ils aiment la porte qui s'ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s'est refermée sur eux.

 Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de notre sainteté.

Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l'aurait déjà donné.


Le silence

 

Pourquoi le vent dans les pins, la tempête sur le sable, la bourrasque sur la mer seraient-ils silence et non pas le pilonnage des machines à l'atelier, le grondement des trains en gare, le brouhaha des moteurs au carrefour ?

Ce sont ici comme là les grandes lois qui jouent, bruissement de la création qui nous enserre.

Pourquoi le chant d'une alouette dans les blés, le crissement des insectes dans la nuit, le bourdonnement des abeilles dans le thym nourriraient-ils notre silence et non pas les pas des foules dans la rue, les voix des femmes au marché, les cris des hommes au travail, le rire des enfants au jardin, les chansons qui sortent des bars ? Tout est bruit des créatures qui s'avancent vers leur destin, tout est écho de la maison de Dieu en ordre ou en désordre, tout est signal de la vie à la rencontre de notre vie.

Le silence n'est pas une évasion, mais rassemblement de nous-mêmes au creux de Dieu.

Le silence n'est pas une couleuvre que le moindre bruit fait fuir, c'est un aigle aux fortes ailes qui surplombe le brouhaha de la terre, des hommes et du vent.


Passages de "Nous autres, gens des rues"

* Critique de la naturalisation, de l'affaiblissement de la foi - p. 253

* Appel à une foi militante, et non encasernée - p. 255

* La vérité de l'évangélisation - p. 256

* Le langage de la bonté - p 271


Citations

 

- Notre foi devrait faire de nous les plus contemporains de tous les hommes

 - Nous ne pouvons pas donner la foi, mais nous pouvons nous donner ; la foi a mis Dieu en nous, nous pouvons le donner en même temps que nous

- Mon Dieu, si vous êtes partout, comment se fait-il que je sois si souvent ailleurs ?

- Prier, ce n'est pas être intelligent, c'est être là.

- Pour trouver Dieu, il faut savoir qu'il est partout; si tu vas au fond de toi, tu trouves Dieu lui-même.

- Les distractions deviennent "prières" quand on pense à elles avec Dieu. Lutter contre elles, c'est parfois se distraire davantage.

- Le Saint-Esprit monte et descend. Ne bloque pas l'ascenseur.

- Pense que tu as raison, ne le crois pas.

- Apprends l'art de la guerre sur toi; sur les autres l'art de la paix.

- Si ta voix est un clairon, ton frère haïra la musique.

- Dieu ne nous demande pas de l'aimer à notre manière, mais à la sienne.

- Rentre tes angles: tu te cogneras moins.

- Fais avec tous ce qui fait du bien à tous, plutôt que de faire mieux ce qui ne ferait du bien qu'à toi.

- Quelle joie de savoir que nous pourrons vers ton visage lever les yeux, ô mon Dieu! Pendant que la soupe épaissira. Pendant que, devant l'arrêt, nous attendrons l'autobus qui ne vient pas. Pendant que nous monterons l'escalier. Pendant que nous irons chercher, au bout de l'allée du jardin, quelques brins de cerfeuil, pour finir la salade.

- N'allez pas au travail comme à une corvée, alors que vous pouvez et devez en faire une prière. (Madeleine Delbrel)

- La vie commune est faite de petits pardons et donc de petits oublis.


Ouvrages

- Alcide. Guide simple pour simples chrétiens, Seuil

- Communautés selon l'Evangile, Seuil

- Indivisible amour, Centurion

- La joie de croire, Seuil

- Les racines de la mission: Lettres aux Pères Perrot et Augros, Parole et silence

- Nous autres, gens des rues, textes missionnaires, Seuil

- Ville marxiste, Terre de mission, Desclée de Brouwer


Bibliographie

- Madeleine Delbrêl, Christine de de Boismarin, Christianisme: essais religieux, Nouvelle Cité

- Vivre l'Evangile avec Madeleine Delbrêl, Loew, Christianisme: essais religieux, Centurion

- Prier 15 jours avec Madeleine Delbrêl, Bernard Pitaud, Encyclopédie et autres religions, Nouvelle Cité

C'est un profonde vie intérieure qui a toujours animé l'expérience ecclésiale et sociale de Madeleine Delbrêl dans la banlieue ouvrière de Paris. L'auteur, supérieur du Séminaire des Carmes, nous fait pénétrer dans cette prière au cœur du monde.